Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 2 novembre 2005
Ville

Depuis trente ans, la politique de la Ville tente de répondre aux problèmes des banlieues

Depuis près de 30 ans, les gouvernements successifs en France tentent de répondre aux problèmes des banlieues, de nouveau d'actualité avec les incidents à Clichy-sous-Bois, près de Paris, précise une dépêche de l'Associated Press (AP). L'Etat a progressivement renforcé les dispositifs d'aides en faveur des habitants des quartiers les plus défavorisés, sans pour autant venir à bout des difficultés sociales dont ils souffrent toujours. Les premières actions, centrées sur l'amélioration des logements dans les grands ensembles, ont été engagées dès 1977. Dans les années 1980, la gauche y a ajouté la création des zones d'éducation prioritaires (ZEP) de l'Education nationale et des dispositifs d'aides à l'emploi et à la formation des jeunes. «L'idée, c'était de faire travailler ensemble tous les services de l'Etat, les services sociaux, la justice, l'éducation, pour trouver des solutions globales», a expliqué à AP la sociologue Nicole Leguennec. «On a eu une succession de politiques qui étaient à la fois des politiques urbaines pour améliorer l'habitat et des politiques humaines de lutte contre l'exclusion avec la mise en place du RMI (revenu minimum d'insertion), les actions ciblées à l'égard des jeunes, puis la création des zones franches pour susciter l'installation des entreprises», résume Eric Raoult, député-maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis) et ancien ministre de la ville entre 1995 et 1997. La question de la sécurité s'est ajoutée à ces thématiques avec l'apparition en France des premières violences urbaines, d'abord en 1981 dans la banlieue lyonnaise et en 1983 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). «Dans les années 1990, la question sécuritaire l'emporte» et la présence policière se renforce, rappelle Mme Leguennec. Les moyens mobilisés ont été sans cesse accrus. On compte aujourd'hui 751 "zones urbaines sensibles" bénéficiant de subventions publiques accrues, 85 "zones franches urbaines" permettant aux entreprises d'obtenir des exonérations fiscales et sociales, et plus de 700 ZEP dotées de moyens renforcés. En 2005, l'ensemble des aides publiques mobilisées pour les quartiers en difficulté a dépassé les 10 milliards d'euros, précise Eric Raoult. Pour autant, la situation des banlieues ne semble pas s'être améliorée. Comme il y a trente ans, ces quartiers sont habités par des populations bien plus pauvres que la moyenne, victimes du chômage, de l'exclusion et de l'insécurité. «Il y a eu une marginalisation qui n'a pas été enrayée par la politique de la ville», constate Nicole Leguennec, qui impute une partie de cet échec au manque de moyens consacrés aux aspects les plus sociaux, au bénéfice de la rénovation urbaine. Même s'ils reconnaissent cet échec, des anciens ministres de la Ville ne partagent pas l'avis de Nicolas Sarkozy selon lequel «ça fait trente ans qu'on a laissé la situation s'aggraver». «Les politiques de la Ville ont empêché toute une partie de la population de se noyer avec la crise», mais, «au fur et à mesure que les gens s'en sortaient, ils quittaient ces quartiers et ils étaient remplacés par des femmes et hommes en très grande souffrance», selon Claude Bartolone, ministre socialiste chargé de la Ville dans le gouvernement Jospin (1998-2002).c=http://www.up

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